YaNn Perrier interroge les fragments dégradés de la nature dans des fictions personnelles.
Réalisations de sculptures, de scénographies, de situations artistiques (évènements in situ). Travail de la résine optique, du bois, du bronze, de la neige, de la glace, du vent, de la rosée du matin.
Une éclaircie
Chaque sphère inventée par Yann est un monde. Avec sa géographie et son climat, son mystère et sa petite musique, sa révélation. On interprète, on se prend au jeu, on y croit,
on voit intuitivement, on devine. Yann nous rend magiciens ! Son enseignement : un petit précis de chamanisme élémentaire. Pas de théorie ni d’abstraction, de bla-bla ni de distance : du bois, de l’air, des couleurs, le feu, la proximité salvatrice du rêve. La simplicité du vivant. Une sorte d’abri miraculeux pour chercher, dans l’or de nos propres regards, une éclaircie.
Entre présence et absence, temps et éternité, lumière et obscurité, Bergson et Heidegger (et même…Tolkien, Hergé et George Lucas !), les apaisantes confidences chuchotées par Yann invitent à visiter ce pays perdu que chacun d’entre nous désire retrouver : celui d’un ailleurs pressenti comme aussi vrai que l’ici.
Pour un peu, on en oublierait l’art du sculpteur : chaque sphère est naturelle. Le minéral, le végétal, la flamme et la fumée, une transparence de glace et ses énigmes, le vide se suffisent à eux-mêmes. Ni fanfaronnade ni leçon d’esthétique pour nous dire quoi voir. Avec Yann, rien n’est artificiellement novateur et c’est pourquoi tout est nouveau. Et beau. Comme l’aveu d’Emily Dickinson : Il m’a semblé que l’herbe était heureuse.
Chaque sculpture nous murmure alors le début d’une histoire. Et le plus étonnant, c’est que nous nous surprenons à raconter la suite. Ce qui n’a pas de prix.
Philippe Aubert de Molay, scénariste